Le Club : COVID 19 - Ce monde fou qui nous manque
On rit on pleure, tous ensemble
Dès notre enfance tout nous pousse à être ensemble. Avec nos parents d’abord et ça dure longtemps, puis la crèche ou la nounou, l’école maternelle, la primaire, la secondaire, le collège technique, l’apprentissage ou les études supérieures, l’exercice d’un métier ou d’une fonction, nos loisirs et nos vacances. L’intégration sociale et culturelle est longue mais tenace. Nous pouvons nous débattre, aspirer à une autre vie dans un autre système. Utopique démarche ! C’est notre destin de vivre les choses en commun.
Nous rions et pleurons des mêmes circonstances, les modes vestimentaires sont créées pour se reconnaitre dans l’autre, les suivre c’est s’identifier comme le membre d’un même groupe social. On déjeune et dine ensemble, on se nourrit ou s’alimente seul. Manger serait-il un plaisir à partager ? Nous applaudissons les mêmes exploits, haïssons les mêmes destructions de monuments ou vestiges du Passé. Mais oublions volontiers le massacre des TUTSI, même pas un million de morts !
Les chrétiens se réunissent à l’église, les juifs à la synagogue et les musulmans à la mosquée. Chacun d’eux passent des soirées ensemble, assis aux terrasses de cafés bondés avant d’aller danser sur les mêmes rythmes dans des boites pleines à craquer. Il faut du monde, encore du monde...
Nous allons à la guerre comme des cons mais ensemble. Nous fêtons la paix entre ceux qui sont revenus en oubliant vite ceux qui y sont restés, ceux là ne savent même pas fondamentalement pourquoi ? Un français sur deux sait précisément ce qu’est le 8 mai 1945, ce qui n’empêche pas l’autre de profiter d’une journée chômée et payée. Mais quid de la capitulation de l’Allemagne nazie ? Pourtant 60 millions d’Humains ont péri plus ou moins ensemble !
Tout va vers le gigantisme. Les stades sont toujours plus grands, les buildings toujours plus haut, les magasins toujours plus hyper. Un bateau de croisière accueille 9000 passagers pendant qu’un AIR BUS A 380 en transporte 850. Ils mangent, boivent, dorment, bougent, s’amusent. Heureusement ensemble ils feront surement la guerre. A l’image des oiseaux qui vivent en colonies, des animaux en troupeaux, des insectes en groupes, toujours plus nombreux, les humains avec la mondialisation partagent les mêmes choses et la même manière d’exister ensemble.
Le COVID 19 nous fait durement et spontanément mesurer que notre société aboutit, pour la grande majorité d’entre nous, remplit tous nos besoins primordiaux. Mais alors, si je ne vois plus personne qui va s’apercevoir que je suis tranquille comme baptiste s’exclame le confiné ?
Dans notre société l’épanouissement personnel est aussi nécessaire à notre bonheur que l’air que nous respirons. L’humain n’a nul besoin d’affection, sinon il s’achète un labrador. Il a besoin d’être reconnu et bien reconnu ! Selon Marcel Proust qui s’affichait avec les plus belles femmes de Paris alors qu’il était notoirement homosexuel, c’est bien là le paradoxe : être privé dans le confinement de vivre ensemble et conséquemment devoir ne plus montrer comment on se distingue des autres. Quelle horreur !
J’vous le dis, on vit ensemble dans un monde fou mais qu'est ce qu’il nous manque !